Un jour, ou presque.

Publié le par Lisa Dawn

Un jour, j'espère que je comprendrai ce qui se passe parfois à l'intérieur de moi.

Il y a quelques années, j'ai rempli des centaines de pages avec des stylos plumes multicolores et des feutres noirs pour essayer de savoir qui j'étais. Ecrire, faire des listes, poser des questions, tracer de grands traits, essayer de trouver les mots à double sens, qui ouvrent les portes cachées dans les murs.

Et puis avec le premier blog, les cahiers de 96 pages se sont remplis moins vite, jusqu'au dernier qui n'a pas été remplacé.

En arrêtant de me tourmenter, j'ai enfin appris à être sereine et à aimer ce que je faisais, voire même à m'aimer, moi, telle que j'étais, enfin.

J'ai arrêté de toujours me relire pour effacer les "je" et les "moi".

Et pourtant.
Il y a quelque chose que j'ai arrêté trop vite.
Ou peut-être que j'avais besoin de temps pour y revenir.

Depuis que je n'enferme plus mes points d'interrogations entre deux feuilles, tout en bas d'une étagère, avec écrit "ne pas lire" en introduction, j'ai aussi arrêté de me poser des questions.

Ou presque.
Il en reste toujours.
Mais c'est devenu "qu'est-ce que je veux faire ?", à la place de "qu'est-ce que je veux être ?".
C'est une nuance, pas si grande, mais qui rend la question + simple.
Au point d'éviter implicitement beaucoup d'autres questions.

Et parmi ces questions, il y a celles que je ne trouve pas.
Si on n'a pas la question, il n'y a pas de réponse.

Et pourtant un jour il m'en faudra. Des réponses.
Parce que j'en ai besoin, parce que même si j'y pense moins, il y a des contradictions en moi que je ne saisis toujours pas. Il y a des petits grains de sable qui apparaissent quand on ne s'y attend pas.

Il y a toujours des phrases que je ne sais pas prononcer, ou alors en détournant les yeux et en prenant le ton de la plaisanterie.

Il y a toujours des sujets dont je crois pouvoir parler jusqu'à ce que je sente l'eau se presser brutalement au bord de mes paupières.

Et personne ne comprend pourquoi, surtout pas moi.
Parce que normalement, dire "ce n'est pas ça, la vie dont je rêve" ou "j'ai peur du regard des autres, je sais que je devrais y être indifférente mais je ne peux pas", ce ne sont pas des phrases qui provoquent les larmes.

Donc. Il y a quelque chose. Quelque chose qui ne va pas.
Pas quelque chose qui ne va pas dans ma vie, ça non.
Mais il y a quelque chose qui ne va pas dans le regard que je porte sur moi. Et dans celui que j'imagine que les autres portent sur moi. Un problème de surmoi, je crois. Surmoi.

Il y a quelque chose qui coince, entre l'envie de découvrir qui je suis, l'envie de devenir celle que je souhaite, l'envie de faire toujours de mon mieux, l'envie de ne pas décevoir. Ou le devoir. C'est peut-être ça, le problème. Confondre envie et devoir.

Alors même que la vie que je mène me plait, il me reste cette peur de ne rien décider, de ne faire qu'obéir à la pression sociale, de découvrir dans 10 ans qu'en me croyant libre je me suis enfermée dans l'existence triste et prévisible que je m'étais promis de fuir.

Il y a un poids que je ne sens plus mais qui continue de peser sur mes actes, sans que je me l'avoue.
Il faut que je me libère. 
Il faut que j'arrête d'être en colère contre moi quand j'écris "je".
Il faut que je sache pourquoi je me sens toujours coupable. 

Un jour, j'aurai le courage de me poser les questions que je sens sous ma peau mais que je n'ai jamais réussi à formuler.
Même si ça fait peur, que ça fait mal et que ça tire fort, il faudra le faire.
Parce que si je ne connais pas les questions, je ne pourrai pas choisir les réponses.

 

Publié dans Presque réfléchi

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J
<br /> ça fait presque peur à quel point on se ressemble.<br /> Par exemple, moi je trouve ça normal que ces phrases-là provoquent des larmes.<br /> Si ça peut te rassurer un peu, je crois que je me connais mieux maintenant, et que j'arrive à déchiffrer mon envie, et à la détacher du devoir, à savoir ce que j'aime vraiment, pas ce qu'on<br /> s'attend à me voir aimer.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Je t'avais bien dit avec le 30 day song challenge qu'on avait beaucoup en commun, la musique ça révèle plein de choses ^^ !<br /> <br /> <br /> Et, oui, ça me rassure. J'espère que je continuerai de te ressembler alors ! =)<br /> <br /> <br /> <br />